PER, les bonnes (et les moins bonnes) raisons du succès annoncé
C’est entendu, le lancement du PER, le plan d’épargne retraite, est un succès.
Depuis le 1er octobre, pas moins de 84 000 PER ont été souscrits, selon les chiffres de la Fédération Française de l’Assurance.
Il n’en faut pas moins à Bercy pour se féliciter du succès de ce dispositif qui est le pendant patrimonial de sa réforme des retraites, qui veut tendre vers un système universel faisant la part belle à la capitalisation.
Ce nouveau produit en faveur de l’épargne retraite a été créé par la loi Pacte avec comme objectif principal de pallier les carences du système jusqu’alors en vigueur:
- Une épargne retraite faible comparée à la capacité d’épargne des français qui continuent à garnir copieusement leur compte courant et leur livret A,
- Des produits complexes et éclatés (modalités de sortie rigides, épargne peu transférable, frais élevés, rendements insuffisants),
- Des règles hétérogènes et peu orientées vers le financement des entreprises.
Pour être honnête, pour l’instant, les vraies raisons du succès ne tiennent pas vraiment à ses qualités.
La réussite est plutôt liée à un effet d’aubaine. Les épargnants, bien conseillés, qui ont ouvert un PER avant la fin de l’année, ont pu déduire 100 % de leurs versements en 2019, alors que l’ancienne génération de produits (Perp, Madelin, Perco et autres article 83) a été pénalisée par l’année blanche et la mise en place du prélèvement à la source.
Reste que ce produit présente quand même de nombreux atouts et deux avancées majeures : la possibilité de sortir en rente ou en capital et la transmissibilité du capital.
Pour mémoire, les nouveaux PER fonctionnent un peu sur le modèle du PEA, avec une distinction entre PEA bancaire et PEA assurance. Les PER seront donc proposés, soit par des assureurs (PER assurance), soit par des sociétés de gestion (PER bancaire).
Les PER assurances proposeront des unités de compte et des fonds euros, tandis que les PER bancaires ne proposeront que des fonds.
Mais les PER assurances bénéficient d’un avantage décisif: en cas de décès avant la retraite de l’épargnant, le capital est transmis hors succession, à l’instar de l’assurance-vie.
Alors que le capital transmis dans le cadre d’un PER bancaire sera inclus dans la succession et donc transmissible sans forcément liquider le compte, ni ses avantages fiscaux liés.
Le PER offre donc les mêmes atouts que l’assurance-vie à ces débuts : une fiscalité intéressante à l’entrée ou à la sortie.
A l’entrée, les sommes épargnées peuvent être déduites, sur option, de vos revenus, dans la limite de 10 % de vos revenus professionnels sous un plafond de 32 419 € pour les versements effectués en 2020.
A la sortie, si vous n'avez pas pris l'option de réduire vos revenus imposables lors du transfert de votre assurance-vie, seuls les gains sont taxés. En cas de sortie en rente: elle est assujettie à l'IR après un abattement variable en fonction de votre âge au moment du premier versement de la rente.
Au-delà de la fiscalité, le PER va devenir un outil patrimonial très malin.
Imaginons une personne qui approche de la retraite et qui voudrait acheter un bien immobilier.
Elle pourrait utiliser son PER plutôt que son contrat d’assurance-vie pour y adosser un prêt in fine (l’emprunteur ne rembourse que les intérêts pendant toute la durée du prêt et le capital d’un seul coup, à la dernière mensualité) en y logeant les versements programmés nécessaires à la reconstitution du capital emprunté.
En faisant coïncider l’échéance du prêt et son départ en retraite, il pourrait réduire fortement son effort d’épargne sur une telle opération grâce aux économies fiscales annuelles.
Attention : à la différence de l’assurance-vie, le PER est un produit à tunnel qui ne se dénoue qu’à la date du départ en retraite. À manier donc avec précaution.
Nous restons à votre disposition pour entrer dans le détail de ce type de montage.
Alors que faut-il faire en 2019 ?
Investir en fonction de vos projets de vie, dans des produits performants sur la durée et à l’abri des délires fiscaux de nos contemporains.